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lundi 17 juillet 2017




Le siècle - Tome 1
La chute des géants.

 Ken Follet
Ed livre de Poche
Ed Robert Laffont


Bel exposé sur la première guerre mondiale, et je dirais même celui qui me manquait. Comme nombre étudiants, j’y avais eu droit durant mon année de troisième ainsi que mon année de terminale, cours dispensé de façon assez imbuvable à coup de stencils monochromes mentionnant des mouvements de troupes qui ne représentaient rien pour moi, et je ne parle pas de l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand qui était officiellement la cause de cette guerre meurtrière, bien mis en évidence par les profs, sans pour autant détailler les étapes qui menèrent de sa mort à la guerre entre toutes ces nations.



Merci donc Monsieur Follet, écrivain et historien de génie de nous avoir offert la connaissance  de cette partie sombre de l’histoire de façon romancée et beaucoup plus limpide, pas seulement vécue par nous les français, mais aussi du point de vue des américains, des Allemands, des Anglais, et des russes (qui ont rapidement eu d’autres chats à fouetter).



 Les personnages me semblent habilement choisis parmi différents couches de la société de l’époque, offrant au lecteur un panel intéressant qui permet de comprendre les coulisses de la guerre et la façon dont elle fut vécue par les groupes humains : diplomates de tous bords, Allemands, Américains, Anglais aux intérêts convergents ou pas et qui tenaient une partie de la planète entre leurs mains, et qui amènent le lecteur  à considérer le côté absurde de la guerre : des amours impossibles, des amitiés mises en veilleuse, des combats menés en douce pour défendre quelques arpents de terre, des soldats qui se retrouvent sur le front, tuant peut-être leur ami en face, et qui sympathiseront le temps d’une trêve de Noël (cf citation).



À la lecture de ce roman, je me suis questionnée longuement : qui avait intérêt à cette guerre ?

Les Autrichiens ? Peut-être… quoiqu’elle fut pour l’empereur devenant sénile, un problème de succession et une éventuelle solution à l’inimitié envers les Serbes… les Allemands qui prirent à l’époque cet incident diplomatique comme prétexte à une déclaration de guerre à leurs voisins russes et français qui s’étaient mis à mobiliser et l’on assiste alors à un jeu de dominos entraînant la moitié de la planète dans un conflit des plus meurtriers. Ken Follet  a très bien su développer cet aspect et montrer qu’au dernier domino tombé, on ne sait plus pourquoi on combattait si ce n’est pour amener l’Allemagne après une maigre tentative de paix,  a une défaite tant stratégique qu’ économique qui laisse présager le tome suivant, mise en cause des juifs, volonté de revanche…cette lecture m’a vraiment donné le goût de réapprendre l’histoire, si sombre soit elle.



Les personnages ont été choisis avec soin pour  ce qu’ils représentent et parmi différentes catégories sociales : une famille, la famille Williams,  dans le secteur minier du pays de galles, un père défenseur de la cause et des intérêts des mineurs, une fille élevée en ce sens et qui aura un parcours des plus intéressants, un fils qui partira sur le front, nous livrant les détails de la bataille de la somme, un Américain, proche du président Wilson, au rôle un peu confus, à la fois diplomate, espion, ayant des relations en Europe, la famille Von Ulrich famille de diplomates qui semblent tenir le destin de lEurope entre leurs main, Le comte Fitzherbert, personnage ambigu, hautain ayant ses entrées à la chambre des lords, prêt à tout pour défendre ses intérêts, Grigori et Lev Pechkov qui tour à tour, apportent respectivement des connaissances sur la révolution russe, et sur certains aspects de la politique intérieure des États Unis et sur sa société en ce début de siècle, Lady Maud (sœur du comte) et Ethel William grâce auxquelles on assiste aux actions  des premières suffragettes et au début du combat pour la cause des femmes dans la société machiste de l’époque.



Ken Follet fait habilement entrer en jeu des personnages célèbres : le roi George V, Lloyd Georges, Winston Churchill en précisant en fin de roman, qu’il les a introduit  dans des lieux imaginaires (notamment Ty Gwyn, la luxueuse demeure du comte  Fitzherbert) en s’étant préalablement documenté sur la possibilité pour ces personnages d’avoir effectivement fréquenté ces lieux. Un roman très sérieusement documenté donc et que l’on peut lire pour acquérir des connaissances certaines.



La guerre 14-18 n’étant pas la partie de l’histoire que je préfère, en raison notamment de la difficulté à me remémorer son déroulement, les batailles, les mouvements sur les fronts, je pense que j’apprécierai davantage le deuxième tome sur la seconde guerre mondiale. Je commence déjà à me demander ce que deviendront chacun des personnages auxquels je me suis attachée ou pas, et j’ai envie également d’en connaître plus sur la vaste guerre 39-45 aux facettes multiples et aux problématiques diverses et afin de mieux comprendre les « pourquoi » et les « comment » de ce conflit, surtout les « comment » qui peuvent rester obscurs un certain temps si comme moi, on ne s’est pas vraiment intéressée aux manœuvres diplomatiques et politiques de l’époque.



Je ferai certainement quelques lectures plus récréatives entre temps, car ce tome passionnant fut tout de même un pavé de plus de mille pages d’intrigue, de magouilles politiques et stratégiques qui ne se lisent pas en trois heures !

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