Romain Puértolas
Ed Le dilettante.
Connaissez-vous Agatha Crispies (Oui j’ai bien écrit Crispies), la célèbre détective sévissant à New-York York Colorado ? Et là, fort surpris(e), vous me demandez :
-
« il y a un New York dans le Colorado »
? Et je vous demande en retour :
- "il y a un New York sur côte Est ? » moi,
qui sors tout émoustillée par la lecture de ce roman hilarant (si toutefois, on
accroche à cet humour qui passe ou qui casse).
Ce New York, celui dont j’ai fait connaissance il y a maintenant
370 pages, est à ne pas manquer avec ses cent-cinquante âmes, ses cent-quatre-vingt-dix-huit ronds-points, ses
écureuils radioactifs et sa célèbre entreprise, « Trou Divin »,
fournisseur officiel de donuts (à ne pas confondre avec un autre établissement du même nom mentionné dans le livre et que la morale m'interdit de citer et aussi parce que vous le découvrirez), fournisseur donc, du poste de police le plus original de ce coin
perdu au milieu de nulle part, où règne un dangereux multirécidiviste qui
grille allègrement l’unique feu rouge de la ville, où les policiers, laissant
courir les dealers d’Aspégic et de Guronsan, s’adonnent au plaisir du tricot,
du sudoku, des fléchettes ( attention, il faut aimer la bière et savoir roter pour participer à cette activité) ou
font partie du plus grand et du meilleur club de lecture de New York, Colorado.
C’est dans ce décor de rêve qu’évolue notre héroïne, qui tient
sa place dans tous les sens du terme, avec ses seins touchent la Californie,
tandis que son postérieur fricote avec le New Jersey. Il faut dire qu’Agatha
Crispies, incontestablement d’origine africaine, se nourrit exclusivement ou
presque, de donuts au chocolat dont elle éparpillé les miettes sur les lieux
des crimes qu’elle doit élucider afin de quitter New York Colorado où il n’y a
pas de réseau, par d’internet, donc pas de Facebook, ni personne à tuer à part
le temps, pour retourner vivre à New York, New York, le vrai, celui de la côte Est.
J’ai dévoré ce roman, certainement pas en raison de son
insoutenable suspense, l’intrigue me paraissant dépourvue de tout intérêt, mais bien accrochée à cet
humour souvent absurde mais ô combien délicieux, à se demander où Romain
Puértolas a pu aller dégoter ces idées !
Mais il n n'y a pas que cet
humour dans l’histoire, on y retrouve
bien des clins d’œil à de célèbres romans, des passages entiers dédiés à des œuvres
maîtresses de la littérature française et américaine, voire espagnole, anglaise
et j’en passe, ( il faut reconnaître qu’Agatha est maître dans l’art de
décortiquer les œuvres à défaut d’élucider les mystères concernant les
meurtres), des réflexions sur le racisme, des passages qui interpellent les
lecteurs de polars sur la différence entre les polars des séries et la vraie
vie, des aspects de la pratique policière auxquels on n’avait pas pensé ( je
crois que je serai désormais plus attentive à la façon dont les héros menottent
les délinquants, au vocabulaire employé en parlant d’une arme et aux petits détails amusants mentionnés tout au
long du récit.
En résumé je me suis bien éclatée et, moi qui ai tendance à me
débarrasser des livres lorsque je les ai lus, et particulièrement des policiers parce que j’en
connais désormais la fin, je vais garder précieusement celui-là pour le relire,
histoire de passer encore de bons moments.
C’est dire : j’ai eu envie de me
rationner : pas plus de cinq pages par jour pour faire durer le plaisir. Et
puis finalement, je n’ai pas pu m’empêcher d’aller m'y réfugier dès que
l’occasion s’en est présentée !
Je ne connaissais pas Puértolas, mais je compte bien combler
cette lacune en lisant ses autres romans.
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